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Léa Bouttier travaille la sculpture, la vidéo et la performance. Les formes qu'elle produit découlent de l’étude de notre regard face aux indices et comment, de ceux-ci, s’amorcent des récits. C’est son intérêt pour les fragments, les traces et leurs interprétations, qui l’a menée à ces problématiques. Qu’est-ce qui fait signe ? Comment ces éléments sont-ils liés ? La question du récit s’est posée d’elle-même. Aussi, ses formes s’appréhendent comme une série de pistes et de fictions à tisser. Sans être narratives, elles en offrent des possibilités. 1,9 KG/327 °C s’inspire du secret d’où naissent les histoires et de celui auquel elles retournent. Ce sont des sculptures en plomb présentées pendant quelques minutes dans la main de performeurs, dans un temps et un espace qui leur est propre. La sculpture considérée comme un art de l’espace en contradiction avec la performance, devient un art du temps. Chaque plomb est manipulé de manière spécifique, seule la main performe. 


Au-delà de la manipulation, c’est la question de l’usage qui traverse l’ensemble de son travail. Ainsi dans Trauma F - une vidéo se déroulant dans un paysage enneigé - une sculpture témoigne de l’utilisation inappropriée dont elle a été victime : un traumatisme de fonction. La sculpture a été utilisée comme cale, d’autres sont employées comme assises, comme cendrier. A contrario, des répliques d’objets sont érigées en sculptures. Ces dernières ne sont jamais similaires aux objets que l’on connaît. C’est tantôt une inadéquation matérielle, tantôt un rapport d’échelle différent qui intervient sur la forme, perdant ainsi toute fonctionnalité. Se développe alors la perception de quelque chose de dissonant, une petite perte d’immédiateté. Cela ne fausse pas, mais installe des zones d’incertitude. Les formes engendrent des gestes et des postures et finalement : la sculpture ne serait-elle pas un objet comme un autre ? 


Quelquefois des personnages interviennent (Langue à Jeu - 2019) interrogeant les formes qu’ils ont face à eux. Ils interprètent les traces qu’ils distinguent, interrogeant notre manière d’aborder une œuvre. Ainsi, à travers un ensemble de signes à décrypter s’élaborent des fictions possibles, probables ou improbables. Dans cette enquête, certains éléments échappent aux personnages et aux visiteurs, quand d’autres, étrangers à son intervention sont pris en considération. 

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