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Langue à Jeu 
Performance en trois actes (Le Goût du Miel, La Caresse, Le Nom des Choses), 25 min - 2019
Jouée le 9 mai à la Serre à Saint-Étienne 

 

Le Flâneur : Arthur Colombet
Celui qui rit : Romain Mas
Celui qui court : Rodolphe Harrot

" Les trois hommes sont dans la salle du fond, entourés de quelques visiteurs, ils ne parlent pas. Soudain, l’un deux s’éloigne pour regarder une vidéo (Celui qui court). Soudain, un autre fait de même et s’accoude contre le mur (Celui qui rit). Le troisième homme est resté à l’entrée de la pièce, il joue avec un briquet. Puis, regardant la flamme, il la cache de sa main (le Flâneur).

Le Flâneur : l’objet de notre pensée n’est pas le fait, c’est une ombre du fait.

 

Celui qui rit et Celui qui court s’approchent et se penchent simultanément vers la flamme. La lumière éclaire les deux visages, puis ils se relèvent.

 

Celui qui rit : Oui ! D’ombre chapeau, de fait sac.

 

Celui qui court : Oui ! D’ombre corbeau, de fait branche.

 

Le Flâneur : D’ombre manteau, fille, chat, carafe, porte, mais de fait, mais de fait des choses et des tas. 

 

Celui qui rit : C’est ainsi que j’ai cru voir sur une place, la nuit, une sculpture incroyable. La place était grande, la nuit déserte, elle, au milieu. Je l’ai regardée longtemps, avant d’approcher (il se tourne vers l’entrée de l’exposition). De loin, c’était une violence, la rencontre brutale d’un geste et d’une matière, mais arrivé à dix pas, elle changea totalement. Je la vis tendre, je la vis caresse, douce et poudrée. À cinq, la sculpture se mit en mouvement, rythmée de cœurs insaisissables. J’avais pensé à mille formes, à cent matières, à trois états, à l’évidence c’était un tas d’encombrants. Chaise formica sur bureau en pin taché feutre bleu, lampe dévissée, four ouvert, deux grilles sales, planche d’agglo contre canapé faux velours, motif : fleur, type : orchidée. J’ai fait le tour, j’ai pris une rue à sa gauche et j’en suis arrivé à cette conclusion : la sculpture, n’est-elle pas une affaire de violence et de caresse ? Elle oscille ainsi entre ces deux mouvements.

 

Le Flâneur : Oui... Elle oscille entre deux mouvements.

 

Celui qui rit entre dans la serre et s’arrête entre La Caresse et le palmier. Il observe la couleur du mur.

Le Flâneur suivi de Celui qui court entre peu après. Le premier observe une sculpture en sucre, le second poursuit, jette un œil rapide à Chez Anna, pour se fixer au fond de l’espace. Il observe la pierre."

 

*Prologue extrait de la performance Langue à Jeu
Effectuée le 9 mai de 19h30 à 20h

Le Flâneur, Celui qui rit et Celui qui court durant le prologue 
Les comédiens durant l'acte 1 : Le Goût du miel 
Les comédiens durant l’acte 3 : Le Nom des Choses

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Celui qui rit et Celui qui court durant l'acte 1

Le Flâneur, Arthur Colombet durant l'acte 1 

Documentation de la performance remise en scène

" Le Flâneur : Arrêté face aux sculptures en sucre, s'adresse à un visiteur. L'artiste employa-t-elle sa propre langue ? On ne sait rien, ce n'est pas indiqué. Quelqu'un a dit que le sucre avait brûlé par oubli, celui qui court à vu et à rit. Moi j'ai flâné, j'ai les formes en tête, la bouche en pâte, toute ensuquée ! Dans leur noir brûlé j'ai vu, j'ai vu le monde nappé de sombre et d'indistinct, ne s'y reflètent que les contours flous des objets et des choses. En dedans je vois tout en vestiges et pour cause...De ce monde pris, de grain, deux milles au moins il ne restera plus. Les masses cristallisées, s’affaisseront peu à peu, grain par grain, leur temps est compté. Je ne leur en donne pas plus d'un voire en mois 6. Revenez en juin et vous verrez comme elles blanchissent, pour à la fin se fendre et se briser sous le poids de bien maigres cuisses. L'espace est humide, elles aspirent tout. Imbibez d'en bas et c'est le haut qui prendra en inverse de mes pensées à ma bouche. Il gratte et goutte le sucre. Sucre blanc, monté jusqu'à 125, sans goût. Et là des trous et des trous de gens qui grattent et qui gouttent. S’asseoir. Le Flâneur s'assoit, regarde la sculpture sur laquelle il est assis, se balance doucement sur ses fesses pendant qu'il parle. Est-ce la marque d'un corps qui m'a précédé ? Aimait-il tant ? tant qu'il est resté là à faire fondre ? Agréable, confortable ? n'est-ce pas ? Il regarde en direction de Celui qui court, lui même en conversation. Sous nos fesses, grains par grains c'est un temps compté, un temps qu'a parcouru patiente une langue creusant creux, formant bosses. Elle s'affaisse. Elles s'affaissent et nous finirons bien par y faire nous-même un trou. Il se lève et reprend sa marche. "

* Le monologue du Flâneur, extrait de l'acte 1

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Les comédiens durant l'acte 3

Celui qui court, Rodolphe Harrot durant l'acte 3

" Celui qui court monte sur Chez Anna, tandis ce que les deux autres personnages accompagnent ses réflexions des deux côtés de la sculpture.

Celui qui court : Parcourant des pieds les marques au sol. Qu’était ce donc là ? Sculptures haute comme trois pieds,verre à demi rempli, grand drapé ? Choses montrez vous ! Hier encore elles jonchaient le sol, j'aurais jonché tout comme elles si on l'avait permis. Être là patient à faire trace. Il s'arrête et pense. Oh la belle position que j'aurais prise. Succinctement Celui qui court plie un bras, met un pied sur le côté comme évoquant la position. Ma préférée. Il esquisse une autre position. Nous n'aurions pas été déçus. Il esquisse un dernier geste puis s'assombrit. J'aurais tout tenté. Corps à terre, bien en vue. J'aurais courbé et puis chu, mais qui. Qui, donc m'a retourné de la sorte pour que quoi que je fasse j'arrive toujours après ? Face au bloc de cire. Les voilà toutes contenues. Une femme, petit pull à bouton, à côté cercle jaune, un citron ? Je ne vois pas plus, pas moins qu'ici. Il se retourne vers le parquet, se redresse. J'ai passé ma vie dans les traces sans arriver jusqu'à elles. Scruter, scruter, voilà à quoi j'en suis réduit. Choses montrez vous ! Un jour, un beau jour, je saurai toutes les formes, tous les traits, tous les angles et je pourrai enfin dire : Oh mes belles ...En se soulevant sur ses pieds. Oh mes douces, Oh mes ingrates, mes rugueuses, mes molles, mes poudrées, mes tordues, je vous ai donc revues ! L'on vous sait et l'on vous trouve, nom d'un nom si j'avais su, j'aurais dit. Je lève les yeux vers vous :

 

Celui qui rit : Pourquoi les traces se taisent elles donc ? pourquoi êtes vous 8 en l'espace ? 

 

Le Flâneur : Comment se fasse que tout retombe ? "

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